Ma chère Öärass, Déesse des démons ( Kiäna-Kyoya )

C'est ennuyant une journée quand on a rien à faire. Ce n'est pas intéressant. On ne peut pas apprécier le soleil qui filtre à travers l'eau, ni les courants chauds. On ne peut pas sourire lorsqu'on croise quelqu'un, ni rire lorsqu'on est plongé dans ses pensées. On s'attarde, on marche lentement sans but précis. On regarde à peine ce qui nous entoure, on garde la tête baissée, les mains dans le dos, le regard dans le vide. On bouscule deux, trois voisins, on s'excuse brièvement dans un murmure. On garde cet air penaud et impassible des jours de pluie. Lorsqu'on nous demande ce qu'y ne va pas on répond que tout est pour le mieux et qu'il ne faut pas s'en faire. On essaye de se mêler aux autres mais c'est comme si l'ennui créait une sorte de barrière qui nous empêche de voir les véritables couleurs du monde. L'ennui c'est comme une petite bête qui ronge tous vos os les uns après les autres jusqu'à ce qu'il ne reste plus que le reflet de soit même. Elle commence par la tête. Elle infiltre le cerveau et mange tout ce qui pourrait ressembler de près ou de loin à de la joie, jusqu'à creuser de grandes cernes sous nos yeux. Lorsqu'elle se déplace, elle nous chatouille de l'intérieur et finit par nous arracher un sourire timide qui pointe le bout de son nez au coin des lèvres.
C'est une petite bête vorace, l'ennui, elle ne s'arrête jamais de manger. Elle mange même encore quand il n'y a plus rien. Du moins jusqu'à ce que quelqu'un vienne nous sortir de là, arracher la petite bête sur notre dos. C'est gens là on les appelle les amis. On en a souvent qu'un seul ou deux véritables, le genre qui même après trente ans d'absence te traite encore comme un frère. Ils nous sortent de l'ennui avec entrain. Ils nous tirent par la main pour les suivre et courir derrière eux comme lorsque nous étions gosses.
C'est vraiment embêtant l'ennui.
Mais lorsque l'ami se fait long à venir, il se peut que nous nous isolons spontanément pour nous ennuyer seuls. Nous restons dans notre coin à l'attendre, les yeux fermés. Et c'est à ce moment qje nous l'entendons approcher comme une douce mélodie.
-Mais d’où vient l’émotion étrange qui me fascine autant qu’elle me dérange je frissonne poignardé par le beau c’est comme dans l'âme le couteau la blessure traverse mon cœur et j’ai la joie dans la douleur je m’enivre de ce poison à en perdre la raison
Alors calmement nous nous levons et allons à sa rencontre pour l'accueillir comme il se doit.
Aujourd'hui n'est pas une journée comme les autres. Peut être ne sera-t-elle pas si ennuyeuse?
C'est ce qu'imagine Kyoya lorsqu'il voit la belle sirène, assise et qui chante. C'est ce qu'il imagine lorsqu'il lui demande galemment son nom. C'est ce qu'il imagine lorsqu'il s'assoit à ses côtés et observer longuement son magnifique visage.
Peut être cette journée ne sera-t-elle pas si ennuyeuse.

Lorsqu'il s'assit, la belle sirène sursauta. Puis elle planta son regard dans celui de Kyoya.
-Je me prénomme Kiäna et vous?
En fait, il savait déjà comment elle s'appelait. Il la connaissait. C'était juste histoire d'engager la conversation. Il la connaissait depuis longtemps. Ce n'est pas le genre de sirène qui passe inaperçu comme lui par exemple. Elle était restée gravée dans sa mémoire. Depuis la première fois qu'il l'avait vu, il n'avait cessé de repenser à elle tous les soirs. A ce demander pourquoi elle lui revenait si facilement et pourquoi il n'arrivait pas à l'oublier.
Sa politesse était clairement exposée dans sa phrase. On sentait que c'était plus une formalité qu'autre chose.
-Je m'appelle Kyoya. Dis moi,cette chanson, d'où vient-elle? Est ce toi qui l'a inventée? Elle est vraiment très jolie.